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COMPTE RENDU DE L'AUDIO CONFERENCE AVEC LE PREFET DE SEINE SAINT DENIS SUR LA SITUATION DU COVID 19

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arbre et citoyen

Bonsoir. ci-dessous un compte-rendu détaillé d'une audio-conférence avec le Prefet de la Seine-Saint-Denis, effectué par la Maire de Bondy, Sylvine Thomassin. Merci à elle pour cette exercice de transparence et d'informations pour les habitants.

"L’audio conférence a réuni 70 participants, les Maires, les Présidents d’établissements publics territoriaux et les parlementaires. Elle a duré 2h10, de 17h à 19h10.
Le Préfet a commencé par remercier les Maires pour leur sang-froid et leur solidarité dans ce contexte critique. Il nous a conseillés de nous placer dans l’optique d’un marathon plus que d’un sprint...
Le département a pu paraître indiscipliné, informations révélées par des médias qui nous connaissent peu mais, compte tenu de sa jeunesse et après quelques jours d’ajustement, le Préfet considère que la situation peut encore être améliorée du point de vue santé publique mais que les habitants ne sont pas plus indisciplinés qu’ailleurs.
Il y a eu durcissement du confinement pour éviter que le pic épidémique ne soit trop important d’une part, et précipité dans le temps d’autre part alors que notre système de santé doit se préparer à la crise la plus grave depuis un siècle, que les soignants sont en première ligne et que la solution thérapeutique est non finalisée.
Le délégué de l'ARS (Agence Régionale de Santé) prend la parole. Trois piliers selon lui : confinement strict, augmentation des capacités d’accueil, soutien aux équipes de soin. Il y a une progression journalière de 20%, de 20% d’hospitalisations et de 20% de décès.

En Île-de-France, 6 211 cas recensés au 23 mars 17h, 775 personnes en réanimation et 203 décès. Pour la Seine-Saint-Denis, 455 cas pris en charge dont 360 hospitalisations et 35 décès. (60 patients ont été hospitalisés puis sont revenus à domicile). Il y aurait d’autre part 82 cas Covid + dans les Ehpad du département.
Depuis le 14 mars, entre 1 à 8 décès/jour. Pas de progression exponentielle, ni dans les hospitalisations ni dans les décès pour le moment.
Toute la stratégie repose donc sur l’augmentation des capacités d’accueil et donc la catégorisation des établissements en trois groupes :
- Première ligne : établissements régionaux
- Deuxième ligne, 9 en Seine-Saint-Denis
- Troisième ligne : 155 en Ile-de-France
Le management, assuré par l’ARS, se fait au quotidien/nombre de lits. Il en reste encore 120 disponibles sur la Région. On est donc en capacité d’absorber les quelques jours qui viennent mais pas plus. L’ARS travaille à une remise à niveau du nombre de lits au vu des besoins estimés. L’ARS tient un cycle de réunion hebdomadaire pour préparer la médecine ambulatoire au choc de l’épidémie. Pour ce qui est des masques, la doctrine est absolue de la part du Gouvernement : les soignants en première ligne auprès des malades doivent en avoir, c’est-à-dire les médecins, IDE, aides soignants, qu’ils soient hospitaliers ou libéraux.

Le Préfet reprend la parole pour évoquer la question du couvre-feu. Disposition qui relève du Préfet et du Préfet seul. Mesure déjà utilisée en France en ce moment mais dans des endroits particuliers, le Haut-Rhin notamment pour Colmar et Mulhouse, villes confrontées au choc de l’épidémie. Le dispositif du couvre-feu peut être utile mais pas en début de crise. De plus, si cela devait se faire, il faudrait coordonner cela sur l’ensemble de la Région. Mais le Préfet va proposer une mesure mieux ciblée, plus efficace et il demandera aux Maires qui en ont pris de retirer leur arrêté.

Le Directeur de Cabinet du Préfet, précise que le législateur a créé l’état d’urgence sanitaire. Pas de situation équivalente depuis très longtemps, si ce n’est 2009 et le H1N1 mais qui n’était qu’une menace d’épidémie. Aujourd’hui, il s’agit d’une menace avérée et une épidémie qui l’est tout autant. Le cadre d’intervention est donc comparable à la loi d’urgence de 1955, c’est-à-dire un péril imminent de nature grave. Le décret pris en conseil des ministres et l’article 4 de la Loi du jour créent un statut particulier de
l’organisation de notre pays, pour deux mois même si le Gouvernement, sur décret, peut y mettre un terme plus tôt. Mais la déclaration d’état d’urgence sanitaire permet au Premier ministre de prendre des mesures dérogatoires au droit commun.

Le Préfet est le seul à pouvoir aggraver ou alléger les mesures, après avis de la Procureure de la République.
Pour la question des marchés, tous les marchés doivent être fermés. Pour le Préfet il s’agit d’une demande claire du gouvernement dès lors qu’il n’y a pas d’autres possibilités d’approvisionnement. Le Préfet précise que l’article 8 ne fait pas de différence entre la tenue des marchés couverts ou non couverts. Ils sont tous interdits. Le Préfet relève que certains Maires demandent à la fois un couvre-feu et une dérogation pour les marchés. Pour lui, la dérogation relève du milieu rural ou montagnard. En Seine-Saint-Denis, il y a toujours des alternatives et il ne compte pas accorder de dérogations sauf si un maire le convainc des difficultés d’approvisionnement. Il préfère nous avertir qu’il s’agit de l’application d’une décision du Conseil d’Etat et ne nous laisse que peu d’espoir sur l’issue de son instruction.
La Préfète déléguée à l'Egalité des chances intervient pour nous préciser qu’il y a eu 350 personnes mises à l’abri depuis 10 jours auxquels se sont ajoutés le matin même 700 personnes du campement d’Aubervilliers. Médecins sans frontières était présent sur les conditions sanitaires du démantèlement et la mise à l’abri.
Pour elle, trois sujets particuliers :
- Accueils de jour et maraudes avec des bénévoles souvent âgés, ou personnels en droit de retrait ne permettant pas un accueil satisfaisant.
- Aide alimentaire avec Croix Rouge pour personnes hébergées en SIAO, le département qui a donné ses stocks de lait et de couches des crèches fermées, les restos du cœur qui ont souvent fermé et il nous faudra ré ouvrir des cuisines pour assurer cette aide alimentaire
- Les centres d’hébergement qui ont besoin de sortir de leurs structures les personnes symptomatiques. l’Etat recherche donc un centre de confinement.
Le Préfet affirme qu’il sera très attentif au contexte particulier de la Seine-Saint-Denis à cet égard. Il affirme dès à présent que les dispositions transitoires ont été prises par le législateur et que la doctrine, dans nos villes, est l’expédition des affaires courantes. Rien d’innovant à engager. Ce sont les nouvelles municipalités installées qui conduiront
les grands projets. « On doit naviguer au plus près des côtes avec une voile réduite ». La continuité des services publics locaux est, pour lui, la vérité de la résilience de notre pays en temps de crise, de la part des villes mais aussi des établissements publics territoriaux (pour les ordures ménagères notamment).
Les Maires peuvent adapter les temps d’ouverture au public, et prévoir l’aide pour les personnes en illectronisme.
Les missions prioritaires du service public plus généralement :
- Service public d’eau potable
- Eaux pluviales
- Assainissement
- Energie, déchets
- Etat civil
- Opérations funéraires
- Ouverture de crèches, écoles et collèges qui accueillent les enfants du personnel soignant, temps scolaire et périscolaire (nous avons à Bondy 16 enfants accueillis)
- Action sociale et versement des aides sociales
- PMI
- Voirie
- MDPH
- Service public des mobilités dans un esprit de limitation des déplacements
- Service de soutien économique aux entreprises

La loi d’urgence a déjàévoqué, dans sa partie gouvernance, le fait que l’élection du premier tour est acquise mais sa prise d’effet est reportée en juin 2020 au plus tard. Les mandats et fonctions sont donc prorogés. Un décret sera pris avant le 27 mai pour le deuxième tour, prévu en juin 2020. L’ensemble des délégations est aussi prorogé.

L'Inspecteur d'Académie nous assure de la très forte réactivité et de la grande créativité des enseignants et des cadres dans la continuité pédagogique, ressources variées, innovantes …63 écoles et 7 collèges fonctionnent pour les enfants des personnels soignants mais aussi des personnels de PMI et de l’ASE, soit environ 400 élèves par jour pour le premier degré et environ 20 collégiens. Le volontariat est la règle. En parallèle, l’ensemble des opérations de gestion se poursuit pour préparer la rentrée de
septembre 2020, la carte scolaire notamment et le CDEN de la semaine prochaine est pour l’instant maintenu.
Le responsable de la Direction générale des Finances publiques nous rappelle le mail reçu ce jour de ses services précisant les conditions de fonctionnement du Trésor Public qui ne reçoit plus de visites mais dont les agents travaillent : paiement des fournisseurs et notamment les petites entreprises, accompagnement quant à la délivrance de bons de secours …
Nous passons à la partie d’échanges et le Préfet nous indique qu’il demandera l’intervention des 8 Maires qui lui ont envoyé le plus de questions (dont Bondy), tout en précisant que la plupart des réponses ont dûêtre apportées dans la première partie. J’ai remercié le Préfet quant à l’organisation de cette audioconférence, très utile, entre nous. Je lui ai dit qu’il avait déjà répondu à nombre de mes questions (masques, commerces indélicats, verbalisation par la police municipale) mais qu’il me fallait encore une réponse pour la question de la nécessité de poste médical avancé en amont des hôpitaux d’une part, et sur l’utilité de la désinfection des espaces publics d’autre part. Enfin question connexe sur le maintien ou non des Amap.
Le Préfet confirme que, du fait de l’offre médicale ambulatoire en Seine-Saint-Denis, on va avoir besoin de services médicaux et paramédicaux ambulatoires. L’ARS travaille à cela avec le secteur libéral et reviendra vers les maires à ce sujet. Le responsable de l’ARS précise que l’on doit séparer les flux entre Covid + et les autres patients . Des centres territoriaux ambulatoires vont être dédiés au Covid 19 avec organisons de flux étanches.
Sur la question des désinfectants, il n’y a pas de recommandations particulières mais un effet positif dans l’esprit des habitants qui n’est pas à négliger. Donc à nous de voir pour les espaces publics très sollicités. Par ailleurs, porter notre attention aux poignées de porte, boutons d’ascenseur et abribus ++.
Eliane Assassi, sénatrice, n’était pas en audioconférence mais avait envoyé une question relative à la prise en charge de femmes victimes de violences conjugales. Réponse apportée : c'est une priorité départementale (Préfet + Procureure de la République). Les suites police et justice sont encore apportées à ces procédures-là. Les permanences téléphoniques se poursuivent sur le département. Les plaintes sont enregistrées et on prépare l’ouverture de nouvelles structures grâce à l’aide de l’amicale du nid (19 femmes ce jour et 41 à terme).

Le Préfet termine en disant qu'il n'y a pas de "pandémie cachée en Seine-Saint-Denis". L’épidémie serait un peu plus vivace dans notre département comme dans toutes les zones denses, il y a par exemple plus de cas qu’en Seine et Marne avec un différentiel de 4 à 5. Nous sommes toujours sur une progression forte mais non exponentielle donc au début d’une crise, raison pour laquelle on doit tous être rigoureux et prudents. Plus on sera confinés, plus on respectera les gestes barrières, plus les polices seront en appui pour les contrôles et mieux on s’en sortira. Il a par ailleurs suspendu les évacuations de squats et les expulsions locatives, « on ne peut rester confinés dehors ».

Le Préfet nous remercie pour notre engagement, sait qu’il peut compter sur nous pour assurer la continuité des services publics municipaux, territoriaux et départementaux. Nos concitoyens ont besoin de cette marque de fabrique de la république française et lui besoin de ce dialogue avec nous pour adapter au mieux la conduite à tenir sur le département.

Dernière information importante :
L'Agence Régionale de Santé Ile-de France met en place un dispositif d’appel à volontaires, pour venir en renfort des équipes dans les établissements de santé et médico-sociaux : l’opération #Renforts-Covid. Cette initiative a pour objectif de mobiliser l'ensemble des étudiants, professionnels, actifs ou retraités, disposant de compétences répondant aux besoins des établissements. Grâce à une plateforme digitale, le dispositif permet à tous les étudiants et professionnels de contribuer à la gestion de cette crise, de proposer leurs compétences et de les mettre au service des établissements qui ont exprimé des besoins."


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