Je peux entendre ceux qui mettent en avant des statistiques prouvant que les enseignants ne seraient pas plus touchés que les autres catégories et ne "mériteraient" donc pas une vaccination spécifique.
Mais, je voudrais faire valoir quelques arguments.
• Si la contamination est plus faible (ce qui reste à prouver tant il y a d'analyses divergentes) c'est sûrement parce que l''École est un des lieux où la règle est la mieux respectée. Mais c'est au prix d'un stress permanent et de consignes rabâchées de moins en moins efficaces. On perd beaucoup de temps avec ça et ça occasionne beaucoup de stress.
Ce stress n'est pas favorable à l'enseignement ni pour les profs et encore moins pour les élèves. Je peux vous dire que depuis que j'ai reçu le vaccin (2e dose le 26/04) je suis beaucoup moins stressé et j'envisage la fin de l'année sans ce poids. L'éducation a besoin de sérénité.
• Comme le montre une étude récente de l'OCDE, beaucoup d'autres pays ont fait le choix de prioriser les enseignants. Doit-on en conclure qu'ils sont tous dans l'erreur ? Ils montrent en tout cas que l'on peut avoir d'autres manières de prioriser.
Peut-être peut-on établir aussi un lien entre le niveau de rémunération et de "prestige" et ce souci des enseignants. Ce serait à vérifier.
• Car il n'y a pas que des considérations techniques et sanitaires à prendre en compte. Ce choix (ou non) de prioriser est un acte politique qui montre aussi la considération que la société a pour ses enseignants.
Ceux-ci ont eu le sentiment d'être un peu "sacrifiés" sur l'autel de l'économie car le maintien de l'accueil des enfants relève autant et même plus d'une logique de maintien de l'activité des parents que d'un impératif éducatif. Le report annoncé par Macron de la vaccination des enseignants ne pourra être lu que comme la confirmation de ce sentiment de déclassement.
L'argument de l'impératif sanitaire qu'il invoque serait mieux entendu s'il ne s'en était pas dispenséà de nombreuses reprises en disant que le "politique" doit s'imposer sur le sanitaire.
C'est donc un mauvais "signal" politique.