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Guerre civile espagnole, poème de Vincente HUIDOBRO Espagne

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Alain_Ramos

ESPAGNE.

 

Des traîtres nocturnes à l'âme marécageuse

Frères de la vipère et des tenues de deuil

Ont poignardé la belle étoiles chargée d'espoir

Parmi les algues les ténèbres les fleuves défunts

 

Souffle la mer qui fait des pyramides de larmes

De fatals escaliers des musiques avec du sang

Sous des nuées qui passent comme des chars blessés

Dans un ciel tout altéré plein de canon distants

 

l'épopée du peuple qui exige son destin

Lève des fronts au ciel et brise de grands courages

Et les fantômes dansent entre les bateaux malades

Dans la nuits de l'homme qui nourrit les cimetières

 

Passent des soldats passent des vagues passent des vents

Pareils aux notes d'un chant qui effraie les âges

L'immense symphonie avec ses hommes et sa pluie

Se perd dans une tombe ouverte sous le soir

 

Des armées de lumières tout au bord de la mort

Se dresse la forêt et en chantant passent les soldats

C'est ce grand voyage aveugle des voiles et du vent

Vous ne reverrez plus ces soldats

 

Ligne après ligne ils attaquent les horizons

Et viennent mourir sur la plages parmi les vagues

Tant de sourire tant de sang tant de héros qui tombent

Et sortent de leur corps comme sortaient des fabriques

 

L souvenir de l'homme est de moins que cette lune

Qui perd la tête et puis tombe sur la mer

Et pourtant ces visages de soldats qui passent

Jamais plus vous ne pourrez les oublier

 

Agonie agonie de la rose et de la pierre

Les vents se fracassèrent sur la plus haute tour

Mille étoiles tomberont sur la quille brisée

Et sur terre chacune aura plus de cent noms

 

Le peuple sera grand comme sa propre statut

Comme ce continent qu'il fit sortir la nuit

Et le galop historique des maisnies épiques

Qui donnent des frissons aux ailes de la forêt

 

des lauriers et des lauriers et puis cent lions antiques

Pétrifiés par la foudre et par les éclairs

Procession de cercueils sur les ponts de l'oubli

La liberté vaut bien un astre qui s'émeut

 

Et passent les fantômes liés entre eux par l'ombre

des lauriers et lauriers et tonnerres et éclairs

Viennent les lamentations et les rameaux de gloire

Jamais plus vous pourrez ces soldats

 

Squelettes vivants qui sont dessous la terre

Seront les instruments d'une musique éternelle.

 

El Mondo Azul n°20 17 de Junio de 1937.

 

Vicente HUIDOBRO.

 

 


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